Je le regardais. Imbu de lui-même. Manipulateur. Escroc. Egoïste. Il ne serait pas un ange d’exception, mais il jouerait a merveille le soldat de plombs. L’idiot du village angélique.
Je croisais mes jambes, lianes aux lignes affolantes sous son nez et un petit sourire ombra mes lèvres, serait ce de la bave que je discernais aux coins de ses lèvres ? Dégoutant. Du moins, telles étaient mes pensées, des mois que je côtoyais ce magnat des assurances, un homme puissant et riche, sans aucun doute possible. Je l’avais prit dans ma toile, tissant autour de lui un univers d’extase et de plaisir, juste effleuré d’ailleurs. Qui penserait que cette femme sûre d’elle, dégageant un magnétisme sensuel étrange, cette femme qui laissait voir entre ses cils un monde de luxure était et resterait éternellement une vestale ? Personne.
Pour cet homme aux yeux lubriques, je n’étais qu’un fantasme, une envie atroce qui lui tordait les entrailles et là était mon but, jamais il ne me toucherais mais je pouvais lire dans ses prunelles avides tout ce qu’il rêverait de me faire.
Je portais le verre de vin a mes lèvres en promenant un regard ennuyé sur le décor, un bar d’ambiance comme il en existe des milliers a travers le monde, une ambiance feutrée, intime, c’était parfait pour…sa mort. Songeais je en reportant le regard sur mon vis-à-vis…Sa main ornée d’une chevalière lourde en or rampa vers moi sur la nappe immaculée et je souris un peu plus, le laissant taquiner mon index, baissant les paupières, jouant subtilement a la frontière de la pudeur et de la fougue. Je devais lui laisser croire que je serais a lui mais en vérité, c’était sa vie qui m’appartenait, en avait il seulement conscience ? Et ce gout…ce gout étrange, acide et en même temps additif qui envahissait mon palais…
Le bracelet qui ornait mon poignet émit un tintement amusé, au diapason de mon humeur, durant quelques secondes, mon regard d’absinthe s’arrêta sur sa présence et mon sourire prit des accents carnassiers. Ah Monsieur Arlington…j’avais hâte de vous voir tomber dans mon piège….Ce collier transformé en bracelet ne valait rien…mais pour moi, il était comme une petite victoire.
Langoureux, mes doigts caressèrent un instant la peau mise a nu par mon décolté, si il pouvait paraitre sage, il me suffisait de me retourner pour que vous en découvriez la face sombre et excitante, un dos nu vertigineux, outrageant…
Ma paume sembla un instant voler au dessus de mon verre et bien malin qui pourrait voir le petit comprimé qui y tomba, ne faisant presque pas de remous dans le liquide écarlate du vin, aussi rouge que le tissus de ma robe.
Bois la boisson du Salut divin mon bel abrutit…Je respirais la sensualité alors que je lui tendais le verre, une petite moue aux lèvres. Bois mon bel idiot et quitte ce monde pour rejoindre le mien. Tu ne sera que chair a canon, mais qu’importe, tu es assez fourbe pour devenir un ange…
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